#IRemenber
Nous sommes nées le même siècle et pourtant à des années lumières l’une de l’autre. Je ne vous connais pas, mais je me souviens.
Je
vous appelle Mademoiselle, votre trop courte existence vous ayant à jamais
figée dans cette étape de votre vie. Je
regarde votre visage songeur et tente d’imaginer celle que vous pouviez être.
Vos
parents se prénommaient Chaja-Gitla et Jacob. Vous aviez au moins un frère,
Zygmunt, nous dit-on. Je veux croire que vous avez pu profiter un peu de la
vie, que vous avez connu joies et fous rires. De quoi pouvait-on rêver, enfant,
puis jeune fille à l’est de la Pologne d’avant la première guerre
mondiale ? Vous espériez certainement la paix et la liberté !
Aimiez-vous lire, marcher, chanter et mille autres choses encore ?
Vous
avez été étudiante à Jasło, mais je ne sais de quelles études il pouvait
s’agir. Sur cette photo, vous semblez triste et sérieuse. Pouviez-vous alors
envisager ce qui allait advenir ? Peut accepter d’imaginer le pire ?
Est-il possible de concevoir jusqu’où la barbarie peut mener ?
Je ne vous connais pas, mais je me souviens.
Vous vous appelez Eksta Ehrenfreund, née en 1913. Assassinée par des fous barbares en 1942, au camp de Belzec, en Pologne.
Je ne vous connais pas, mais je ne
vous oublierais pas, Mademoiselle.