Octobre

Gris

Dense

Épais

Silencieux

Opaque et cotonneux. 

Matinée de chat.

Samuel Barber, Adagio pour cordes op.11.

Pain grillé, confiture d'abricots, effluve enivrant et tonique du café fraichement moulu.

Pelotonnée bien au fond du fauteuil, lecture paresseuse et alanguie d'un roman qui raconte la douceur des choses de l'amour.

Gris perle, 

Gris bleu, 

Gris nuancé.

Chopin- Nocturne n°3 en si majeur.

Quelques menus pépiements timides, midi sonne déjà à la cathédrale. Refermer le roman terminé et sourire. ... les histoires d'amour....

S'étirer, bouger, grignoter... 

Café d'après manger, corsé et affirmé. 

Gris plus clair, plus léger. Une esquisse de bleu très pale, à peine, une fente dans l'armure. 

Mozart, Symphonie concertante pour vents.

Gris diaphane, lumineux.  

Gilet et foulard, dehors, le nez en l'air, les yeux grands ouverts. Entrainée par la valse lente des feuilles chatoyantes. Suivre le courant mutin qui joue à se raconter la mer. Les promeneurs appliqués du dimanche, composants essentiels du tableau. Sous-bois peuplé d'un silence habité de bruissements, craquettements, petit peuple qui furète, s'agite et s'affaire. Remarquer un champignon, pourtant discret, brun. Puis un autre, et un autre encore, plus rouge, plus blanc, plus clair.

Gustav Mahler, Symphonie no.5.

Gris épars, furtif, quasi disparu.  

Poursuivre la promenade, inspirer à plein poumons, se laisser chauffer aux rayons d'un soleil qui baisse déjà à l'horizon. Odeur âcre et réconfortante à la fois des premières cheminées. 

Jean Sébastien Bach, Fugue No. 8 en ré dièse mineur, BWV 853

Laisser la nature, rentrer à la lumière bleue du soir tombant. 

Soir de chocolat chaud, blanc, italien, suave aux parfums de cannelle.

Petit galet poli

Doux, gris, rond, petit galet poli, 

Qui tel l'amour, 

Dans une flaque a fait floc. 

Couleur de sable, lisse et roux, 

Blond aux couleurs de l'automne, 

Au fil de l'eau transparente étincelle, 

Menu et fragile,

Ténu et obstiné,

Amovible et immuable.

Doux, gris, rond, petit galet poli,

Solide et persistant.

J'irai voir le monde....

J'irai voir le monde,

Vérifier si la terre est assez blonde

Respirer l'insaisissable humeur du temps,

L'insaisissable odeur du vent.

Me perdre dans ce gris si doux

Gris perle, gris mercure

Gris ourlé paisible, gris opalescent

De cette fin d'après-midi sereine.

Songer dans cette lumière d'automne,

Lire ce soleil pâle et translucide,

Admirer enfin le soleil neuf,

D'après la pluie, éclatant,

Sur l'Ile du Jour d'Avant.