dimanche 20 novembre 2011

Bien sûr...


Bien sûr, la vie continue... Bien sûr, ce n'est là qu'une chose banale qui arrive tous les jours dans le monde entier.
Bien sûr...Après des mois de lutte pied à pied, après avoir eu si peur, après avoir tant souffert, elle est partie doucement un matin de novembre, elle s'est juste arrêté de respirer, enfin.

Alors, oui, c'est la vie. Oui, c'était inéluctable et plus que souhaitable depuis quelques mois...

Mais perdre sa mère c'est devenir orphelin à tout jamais. C'est le début d'une autre vie...

Plus jamais les petits coups de fils du dimanche, plus jamais les éclats de rire, plus jamais le village de mon enfance, plus jamais cette vie là...

Alors on ne va plus parler, on ne va plus pleurer... 

On va vivre et bercer sa peine, tenir à distance cette plaie ouverte en imaginant qu'un jour peut-être il sera possible de l'appréhender sans trop en souffrir.

On va vivre...

« Science sans conscience n’est que ruine de l’âme » Rabelais 1532.



Lettre ouverte à un médecin de province et à tous ceux qui se reconnaîtraient dans ce portrait…


Faisons lui le crédit d’avoir été au temps jadis où il n’était que jeune homme encore, un médecin plein d’allant et d’enthousiasme, mû par les nobles paroles du serment d’Hippocrate.
« Dans toutes les maisons où j'entrerai, ce sera pour le soulagement des malades, me conservant pur de toute iniquité volontaire […] ».
Imagions qu’alors son seul souci n’était que de voler au secours de l’indigent et du malade sans défense. Quel noble art et quel beau métier !

Retrouvons le quelques années plus tard, confortablement installé dans sa bonne petite ville de province, côtoyant tout ce qu'elle compte de notables et de personnes importantes et bien-pensantes, engoncées dans leur confortable manteau de certitudes.
Il est toujours médecin mais passe davantage de temps qu’auparavant en colloques et réunions au milieu de grands savants de son acabit. Il se fait connaître par quelques écrits autour de son thème de prédilection. Il est sûr de lui, ne doute pas, cela serait sans doute par trop dérangeant.
Que diable, il a suffisamment vu de malades qu’on disait perdus et désorientés se retrouver autonomes et sains d’esprit par la seule volonté de leur bon docteur !
Quelle plus grande gloire que de savoir décrypter les vraies volontés, sincères et construites de manière cartésienne, de ce malade qui tantôt se disait certain  de se trouver dans une secte ou au centre d’un réseau de trafics divers.
Faut-il donc alerter les médias pour leur faire connaître le témoignage si cartésien et raisonné de ce malade ?

Ne pouvant croire à une totale perte de toute conscience professionnelle et humaine, gageons que certains soirs, après avoir consciencieusement renvoyé chez eux des malades qui n’ont pas eu la bonne grâce de bien vouloir mourir dans les délais impartis, notre bon médecin ne dort pas très bien. Souhaitons-le lui, tout du moins, ce serait là la preuve d’un reste d’humanité.

Quelle triste histoire que celle de ce preux combattant devenu aujourd’hui un triste comptable de province, ne trouvant d’autres façons d’étayer son absence d’arguments que par la mise en cause de la famille proche.

Pour terminer, nous ne pouvons que souhaiter à ce pauvre homme de se trouver dans quelques années, lorsqu’il sera vieux et malade, face à l’un de ses semblables. Alors, peut-être se souviendra-t-il de ces pauvres êtres qui avaient le tort de ne pas rentrer dans le cadre. Eux seront morts depuis longtemps, dans la solitude et la détresse requise, alors ces paroles qu’il a pourtant dû réciter un jour lui reviendront peut-être en tête :
 « Je respecterai toutes les personnes, leur autonomie et leur volonté, sans aucune discrimination selon leur état ou leurs convictions. J'interviendrai pour les protéger si elles sont affaiblies, vulnérables ou menacées dans leur intégrité ou leur dignité ».


Les citations entre guillemets sont extraites du serment d’Hippocrate, ancienne et nouvelle version.