dimanche 14 novembre 2021

Chocolat blanc suave

Chocolat blanc suave
Noisettes éclats d’Italie
Nectar délicat.

Il fait bon dans la salle, les vitres embuées laissent deviner les silhouettes des passants qui semblent presser le pas dans la grisaille. Chacun vaque à ses affaires, se croise, se dépasse, va et revient.
- Maman !
Julie, perdue dans ses pensées, sursaute soudain ! Face à elle, deux grands yeux l’observent avec un sérieux immédiatement démenti par les moustaches nacrées apparues au-dessus de la lèvre.
- Maman, je suis prête, j’ai tout bu ! On y va ?
Julie sourit devant le petit nez froncé.
- Oui, ma grande, je paie et on sort.
Charlotte proteste :
- Non, non, non, pas aujourd’hui ! Aujourd’hui, c’est moi qui paie. J’ai même apporté ma tirelire exprès ! La petite se lève et se dirige solennellement vers la caisse pour régler les consommations. Elle compte avec soin les grosses et les petites pièces pour arriver à la somme juste.
Dans la rue, l’air frais embaume du parfum des gaufres chaudes.

Écharpe grisaille

Éclats de ciel bleu azur
Promesse ténue.

La rumeur du centre-ville laisse la place à quelques chants d’oiseaux discrets, Charlotte les accompagne à mi-voix, les joues rosies par l’effort. La rue monte en serpentant entre les vieilles maisons à pans de bois.
Julie la suit, attentive et attendrie. Cette jeune personne lui en rappelle une autre !
Parvenues sur la place, tout en haut de la rue, le soleil est au rendez-vous et leur fait un clin d’œil. Les toits de tuiles s’illuminent par instants. Charlotte glisse sa main dans celle de sa mère.
- Dis, tu crois qu’il y aura de la confiture ?
- Charlotte, tu es une gourmande, tu viens de boire un chocolat !
- La confiture, c’est moi qui l’ai faite, se justifie Charlotte.
- Oui, enfin avec un peu d’aide, tout de même, non ?
La pente se fait plus douce en arrivant vers les vignes. Les gravillons roulent sous le pied. Au carrefour, une silhouette.
- Papa !
Charlotte se précipite et saute dans les bras de son père !
- Tout doux, ma belle ! Alors, il était bon ce chocolat ?
- Oh oui ! Et puis tu sais, j’ai payé, toute seule avec mes sous ! J’ai fait un cadeau à maman !
- C’est très gentil, ma grande !
C’est main dans la main que les trois arrivent dans la petite cour. Noisette, toujours aux aguets, les salue d’un jappement bref. Marie Séraphine leur sourie.
- Entrez, entrez, tout est prêt !
Émile sort de son atelier et secoue les copeaux restés accrochés à sa blouse.

Lumineuse soirée
Éclats de rire chaleureux
Bonheur tranquille

 

jeudi 11 novembre 2021

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Une chronique de Marie Séraphine - Novembre violoncelle...

L’ocre fauve de la flamme chancelante monte et réchauffe le plafond bas et gris au dehors. Les cuivres patinés brillent doucement à cette lumière incertaine. Il fait bon se pelotonner dans la lumière douce et se laisser aller à rêver.

Voilà que sonnent cinq heures. Les mots de Marie Séraphine s’enchainent sur le carnet. Son stylo court sur le papier. Le ciel obscurément blanc, opaque, supprime provisoirement la ville.
Au creux de ce cocon ouaté, apaisée, elle remonte le fil de sa vie. La petite fille aux couettes a fait son chemin, riche, chaotique, changeant et incertain. Ses pas l’ont menée au gré du hasard, et le hasard fait parfois bien les choses, sourit-elle.
Sa curiosité du monde et des autres est intacte, sa soif de lectures et de partage tout autant. Demain, elle retrouvera cette vie-là.
Mais à cet instant, elle savoure pleinement cette pause, cet intermède de douceur et de liberté. Elle est chez elle dans sa maison des nuages, à sa place, celle qu’elle s’est choisie, enfin !
Noisette à ses pieds suit son travail, soutien discret. Cette fin d’après-midi appelle un rooibos vanille.

vendredi 5 novembre 2021

Ancrage

 L’œil d’abord glisserait sur la moquette grise d’un long corridor, haut et étroit. Les murs seraient des placards de bois clair dont les ferrures de cuivre luiraient d’une chaude patine.

Alors, avancer, en direction du puits de lumière ocre, jaune et changeant. A l’entrée de la pièce principale, s’arrêter et prendre le temps d’une inspiration profonde, les joues colorées de rose, aux premières lueurs de l’aube flamboyante.
Traverser tranquillement la pièce, d’un pas léger. Ouvrir la porte fenêtre en grand, laisser entrer l’air très frais, laisser le regard glisser sur l’automne mauve aux parfums de mousse. Prêter l’oreille et deviner le chant de l’eau sauvage et libre.
Avancer encore et sortir. Respirer le paysage à plein poumons, yeux grand-ouverts. Se fondre dans cet univers immense, jusqu’à n’être plus que sensation, l’espace d’une heure ou d’un instant.
Se laisser revenir à soi sereinement, rentrer.
La journée pourrait alors commencer !