dimanche 24 mars 2024

Le temps de la "délure" !

 D - 

 
Le temps glacial et lumineux de ces derniers jours fait rejaillir quelques souvenirs.
Me reviennent les images d'un court séjour en bord de mer. C'était en Vendée, à l'occasion des vacances de Pâques. Nous étions partis entre copains, les âges s'étalant sur une dizaine d'années. J'étais parmi les plus jeunes et n'avait eu que la permission de quelques jours.
C'était le moment de la "délure", de l'émancipation. Les soirées avaient le parfum de l’Amsterdamer ! Notre franchissement des règles se traduisait en chansons sur des airs de guitare, rengaines ou plus exotiques, des tisanes modernes et des parties de tarot à n’en plus finir jusqu'à des heures inavouables, 3 heures du matin ou plus, même des nuits blanches certaines fois !
Il fallait alors prendre un air inspiré, songeur et sûr de soi ! Jouer LA carte fatale et faire un coup de maître ! Je participais, bien sûr, avec un air tout aussi inspiré, mais n'ai jamais compris ce jeu et ne sais toujours pas y jouer !
Le temps était infini, nous étions jeunes, nous nous sentions libres. Nous nous pensions avec candeur novateurs, réinventant la société, sans songer un seul instant que nous ne faisions que marcher dans les traces de nos aînés, nous affranchissant juste un peu des codes pour mieux y revenir une fois adultes !

 

dimanche 28 janvier 2024

Terroir

 

T-

Soirée de veillée d’armes, les ballots de pailles entrent demain dans Paris ! Il me vient une pensée tendre pour cet autre, parti depuis bien longtemps déjà.

Je ne me souviens pas de l’avoir entendu se revendiquer paysan, ni même viticulteur, ce qu’il était de profession.

Nul besoin d’étiquette, sa vie entière était dédiée à l’élevage du vin, jusqu’à la passion ! Son exploitation était immense de ….douze rangs de vigne, enclavés entre les domaines voisins. L’essentiel de son temps de travail était consacré à faire fructifier la vigne d’un autre.

Son bureau, les modestes coteaux du Saumurois, coiffés çà et là de petits bois. En toutes saisons, brodequins de cuir aux pieds, il partait arpenter, relever, tailler, regarder, surveiller. Les orages de grêle, les soirs de fin d’été, faisait monter la tension. On était anxieux, pas uniquement pour soi, mais pour toutes les parcelles du secteur. C’était le bilan d’une année qui se jouait là.
Il faisait bon aussi dans la cave de tuffeau, se cacher derrière les barriques, lorsque le temps était venu de souffrer ou de tirer le vin.
L’apothéose à l’automne bien sûr, avec en point d’orgue la vendange des douze rangs. La date retenue était choisie avec soin, les cousins débarquaient, on passait la journée dehors, sécateurs à la main, quand on était assez grands. Pas d’Equipements Individuels de Sécurité, on avait appris à faire attention, voilà tout ! On avait mal au dos, mais nul n’aurait pas songé à se plaindre, trop occupés d’ailleurs à se colorer la bouche de violet ! Il fallait le faire, et c’était la fête ! Nous n’aurions d’ailleurs cédé notre place à nul autre !
L’arrivée de l’Appellation a fait bouger les lignes, un peu ! Les rues se sont ornées de hauts piliers carrés, faits de pierres de taille. On n'allait plus chez X ou chez Y, on allait au Domaine de ceci ou de cela.
Fier de son métier, il l’était, au-delà du raisonnable peut-être. Il vivait en viticulture, comme d’autres en religion. Cette passion n’avait comme égale que celle de sa soif de lire, de lire encore et d’apprendre. Je le revoie les soirs d’hiver, plongé dans le gros Larousse, ou bien encore dans le Dictionnaire du Monde Rural, mine d’or de ces mots et expressions dont il était friand.
Alors ce soir, même si les choses n’ont pas toujours été simples, je lui fais un clin d’œil !
Oui papa, tu avais bien raison, quoi de meilleur qu’un verre de Saumur Champigny, un bon pain et un chèvre cendré !

 

La lune est pleine

La lune est pleine, là-haut, qui me regarde, 

L'heure sonne paisiblement, au clocher, 
Les premiers instants de ce matin froid.

Du fond de la vallée

Les foulards de brume
Montent et drapent la belle dame.

Bientôt, quelques lueurs pâles,

La nuit fuit déjà, 
Au détour du brouillard, 
L'astre, à pas de loups, s'éclipse.