mercredi 2 juillet 2025

Sensations estivales !

 

Même le ventilo n’y croyait plus ! Ses pales indolentes semblaient au bout de leur vie, ne parvenant qu’à grand peine à déplacer des bouffées d’air chaud ! Il soupira, claqua la porte. Dans la rue, les pieds des lampadaires éteints craquaient en se rétractant sous l’effet d’une vague fraîcheur matinale. Les jours avaient déjà raccourci en ce tout début d’été mais la touffeur ambiante les rendait interminables et ce petit matin n’annonçait rien de mieux !

Il enfourcha son vélo, et s’enfonça dans les petites rues étroites de la vieille ville. Un chat, noctambule en chasse, le regarda passer d’un air goguenard ! Il n’y a pas d’heure pour les braves !

En entrant, il interrogea son vis-à-vis du regard ! Ce dernier hocha la tête et lui indiqua d’un haussement d’épaules las le fond du couloir. Des voix s’élevaient, sans passion. La traque vaine usait les énergies et calmait les plus ardents ! Déjà quatre meurtres en 6 semaines sous les parasols ! Le maire ne dormait plus, les médias se refaisaient le film, encore et toujours plus, la ville entière échafaudait des théories, on savait des choses, on vilipendait la police qui ne faisait rien… bref, une armée entière de Nestor Burma ou d’inspecteurs Maigret, au choix des lecture de chacun !

Et pourtant, rien ! Aucun indice, aucun message anonyme, pas de silhouette louche, entrevue au carrefour ! La vidéo surveillance ne montrait rien d’autres que les images ordinaires des touristes écarlates de retour de la plage ! La seule information était le nombre de glaces consommées dans l’espoir sitôt déçu de se rafraichir un peu !

Ce matin-là, on venait de découvrir une nouvelle victime, installée comme les autres, avec un air détendu et apaisé, sur un des transats de la plage de l’hôtel ! Détendue, apaisée mais … tout à fait décédée !

C’en était trop ! Cette fois, le préfet avait alerté en haut lieu, on vit bientôt les gyrophares clignoter de leur plus beau bleu, suivis des cars-régies des médias nationaux. On annonça l’arrivée en hélicoptère du ministre de l’intérieur ! Les touristes en short, d’abord contrariés de tous ces embouteillages qui perturbaient leur routine estivale, furent bientôt ravis de se voir interviewés tant et plus ! Bien sûr, on n’avait rien à raconter, mais on se faisait un devoir d’honnête citoyen de le dire tout de même !

A l’abri des regards, depuis la fenêtre de son bureau, il observait cette agitation stérile et épuisante ! Le coupable était-il là, se délectant de sa popularité anonyme ? A quand le prochain meurtre, pourquoi ne trouvait-on rien ?

Le ministre s’envola comme il était arrivé, après des paroles fortes et des coups de menton tout à fait décisifs ! On n’en resterait pas là, des mesures seraient prises. Les médias, après quelques jours, n’ayant plus personne à interviewer, gavés de glace et des discours de pseudos témoins qui s’étaient découverts une nouvelle vocation, partirent bientôt vers d’autres évènements croustillants et non moins sensationnels !

La torpeur reprit sa place dans les conversations, il n’y eut plus de nouvelles découvertes, les estivants reprirent la route, furent remplacés par d’autres que l’on se fit un plaisir de mettre au courant, avec l’air de ceux qui savent. Lors de la vague suivante d’arrivants, on en parlait déjà moins, ou juste par allusions. A la fin de l’été, c’était déjà de l’histoire ancienne. Les autochtones avaient retrouvé leur quant-à-soi et leurs sujets de saison : la rentrée, le poids des cartables, la nouvelle institutrice, qu’on ne connaissait pas et qui arrivait d’on ne sait où….

Tous les jours de la semaine, il reprenait son vélo, au petit matin. Lui n’avait pas oublié, ni rangé cette tragique histoire au rang des faits divers. Tout en gérant les affaires courantes, il continuait d’observer et d’analyser, de tenter de comprendre et de trouver le fin mot de l’histoire ! Il se l’était juré, il le devait aux disparus ! Un jour, il ferait la lumière sur cette affaire !

 

mercredi 18 juin 2025

Une chronique de Marie Séraphine : l'attente !

 

Le chat me regardait comme s’il savait ! Lui aussi semblait attendre, au moins autant que moi ! La journée s’étirait longue, longue, comme une veille de grand départ ! Il se posait, s’étalait sur le sol frais, tranquille un moment. Puis se relevait, repartait, cherchait sa place ! Nous étions tous deux fébriles, impatients, nerveux, dans une communion sans parole ! Le temps devenait presque palpable, les secondes comme autant de petits cailloux alignés !

Finalement, de tours en détours, de rangements en dérangements, une petite sieste ici, un peu de lecture là, la journée avança tout de même ! Je jure bien n’avoir jamais appris à lire l’heure à mon petit clown mais quelques minutes avant l’instant, il se posta à la fenêtre, droit, les moustaches en alerte, concentré à l’extrême !

Soudain, avant même que je n’entende le ronronnement si reconnaissable, il pencha la tête sur le côté, se redressa encore. Ne pas se précipiter, faire durer, cette fois avec le plaisir désormais certain, savouré par avance. Les portes qui claquent, celle de droite avec un son particulier, la clochette du portail qui tinte, les pas petits et grands sur le gravier de l’allée, les murmures et les rires étouffés….

Enfin, enfin, la porte s’ouvre, ils sont là ! Les embrassades et les câlins forment une mêlée joyeuse, le chat s’incrustant au milieu, pour passer de bras en bras et récolter son lot de caresses !

Il avait été bien long, ce mois, loin les uns des autres ! Le temps qui n’en finissait pas quelques heures plus tôt semblait soudain manquer pour tout se dire, pour se retrouver, pour retisser le cocon !

Le petit veilleur quant à lui, reprit sa place habituelle, rasséréné, à nouveau tranquille, avant de se rouler en boule, bailler et s’endormir du sommeil du juste ! Il était épuisé !

lundi 9 juin 2025

Passent les heures, tombe le jour,

 

Passent les heures, tombe le jour,

Sur le chemin du retour, les ombres s’allongent,

Les champs dorés du début d’été

Se parent des derniers feux du soleil couchant.

 

Il est temps de rentrer, la fête est terminée.

Il était doux de revoir des sourires connus,

Les notes du violoncelle bercent les souvenirs ravivés.

 

Dans la lumière qui baisse, le lacet de la route s’étire,

Les jolis moments bien rangés,

Demain, passer à autre chose en un soupir

Avec aux lèvres un sourire apaisé !