mercredi 23 décembre 2020

Une chronique de Marie Séraphine – Chut….

Un carton, posé là, comme par inadvertance, oublié. Juste à côté, une petite bougie, une allumette. 
 
Gratter l’allumette et prendre le temps de regarder la petite flamme s’animer. Soulever doucement le couvercle, une chaude lueur semble venir de l’intérieur. Quelques tintements cristallins s’élèvent, discrets d’abord, puis plus forts à l’ouverture de la boite.
Voici bientôt les flûtes, poursuivies par le violon en une ronde joyeuse.
Le long du chemin, des empreintes de pattes dans la neige brillante. Les petites boules rouges des houx forment une farandole. Sur le lac gelé, glissades et patinages résonnent d’éclats de rire. Bonnets à pompon et cache-nez colorés défilent en une joyeuse sarabande.
Un peu plus loin, un bonhomme de neige vient ponctuer le paysage. Son vieux chapeau de paille n’est guère de saison !
A l’approche du hameau, ce sont les effluves épicés de cardamome et de cannelle qui montent dans l’air froid. Derrière les fenêtres givrées, on devine les éclats multicolores des guirlandes.
Ici, le feu de cheminée jette des touches orangées. La fumée qui s’échappe est parfumée de vanille et de muscade.
Les tambourins et autres clochettes carillonnent désormais. La lumière du jour baisse déjà. Quelques rouges-gorges rentrent au nid.
Les premières étoiles et la lune pâle éclairent la valse lente des flocons légers.
Le soir est tombé.

Refermer tranquillement le couvercle, laisser la petite flamme poursuivre sa danse. Fermer les yeux, sourire et rêver.

mercredi 16 décembre 2020

Une rencontre.... - Souvenir d'avenir

Ce pourrait être une bien douce rencontre : je, celle que je suis aujourd’hui, aimerais beaucoup retrouver cette autre je, la petite fille à couettes et au maillot rouge, que j’étais alors.

Je la prendrais par la main, lui dirais qu’il faut bien apprendre ses tables de multiplication, c’est bien pratique pour calculer les réductions sur le prix des livres, de continuer à lire à en perdre haleine, même si bien sûr, jamais elle ne lira tous les livres.

Je la prendrais par la main et lui dirais « raconte-moi ta vie, dis-moi qui tu es, dis-moi tes peurs et tes chagrins ». Je lui dirais que tous ceux qui paraissent savoir et font les matamores, se posent tout autant de questions qu’elle et partagent les mêmes peurs.

Je la prendrais par la main et je lui dirais aussi que le chemin qu’elle croit devoir prendre n’est autre que celui qu’elle aura choisi, que sa « place » sera là où elle se plaira à être.

Je la prendrais par la main et lui dirais que la route sera belle, qu’elle vivra des aventures multicolores, riches et diverses, que de ses rencontres plurielles, elle fera son miel.

Je lui dirais aussi que le bonheur n’est pas un, mais multiple, et que la vie est un itinéraire. Je lui dirais « si tu veux prends ma main et viens, avançons ensemble, soyons nous-mêmes, simplement ». 

Je lui dirais qu’un jour elle trouvera une autre main pour y glisser la sienne. Je lui dirais enfin qu’un jour, elle sera sereine, libre et apaisée.