jeudi 29 juillet 2021

dimanche 25 juillet 2021

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Sérénité

 C’est au son de l’Ave Maria de Gounod que me reviennent ces images d’autrefois.

Les petits bonheurs volés de ces jours très exceptionnels où je n’avais pas pu aller à l’école du fait d’une quelconque maladie infantile. Du fond de mon petit lit bleu aux bords hauts, j’écoutais dans la pièce voisine la radio. Je partais à rêver, Ménie Grégoire dispensait des conseils dont je ne comprenais mot.

Le goût de ces après-midis à deux dans la maison calme à des parfums de propre, ceux de la serpillère passée pendant un moment de répit. Le bruit un peu étouffé du repassage, aussi. Ma mère s’activait sans relâche. Pour elle, les journées et les nuits ne comptaient pas assez d’heures !

Je ne me souviens plus des symptômes qui devaient pourtant être suffisamment éloquents pour justifier d’une absence scolaire ! On ne plaisantait pas avec ces choses-là ! Je ne garde que la sensation de cette paix totale qui m’habitait alors.

J’écoute toujours la radio, souvent en repassant, et parfois, un sourire me vient aux lèvres...

mercredi 21 juillet 2021

Un coup d’éponge

 

Alors voilà, c’est maintenant. Ouvrir la porte et entrer pour la dernière fois. Comme une dernière caresse, venir effacer les traces de son passage. Cela s’appelle aussi faire le ménage ! Mais il s’agit bien plutôt ici de restituer une page vierge sur laquelle d’autres viendront poser leur marque.

Le balcon ! Le balcon avec vue et en prise directe avec le chant des oiseaux, dans les deux sapins voisins. Le bonheur des petits matins calmes, au son des cloches ! S’asseoir par terre et frotter avec délicatesse chaque montant de la rambarde.
A l’intérieur, les vitres d’abord. Les rideaux sont depuis quelques semaines décrochés et partis pour leur nouvelle destination. Les fenêtres sont des yeux ouverts sur la vie du quartier et souvent la première vitrine du lieu !
Vérifier sur les murs si aucune trace ne subsiste, laver les plinthes. Rendre au lieu son blanc original, apaisant et serein. Tant de rêveries et d’évasions se sont déroulées entre ces murs ! Il faudrait écrire un essai sur l’écoute du violoncelle entre des murs blancs !
Faire briller tout ce qui peut, nettoyer, astiquer.
Passer ensuite l’aspirateur, faire disparaitre les moutons refugiés dans les recoins. Assainir et ôter toute poussière.
Enfin, laver le sol. Comme sur l’ardoise de la petite école, un coup d’éponge pour recommencer ! Laver le sol à reculons, fermer les fenêtres et les volets de chaque pièce terminée. Se retirer, pas à pas.
Le parquet étincelle, tout va bien, il est temps de refermer la porte et de tourner la clé.
Une autre histoire viendra bientôt s’inscrire ici.

p....

Périples. 

37 ! 
37, c'est un joli nombre ! Ça en impose, ce n'est pas anodin, ça se remarque ! 
Il aura donc fallu 37 ans pour arriver au 12 ! 
A 18 ans l'envol, le premier pas hors du nid. 
S'en suivirent 37 années d'itinéraires, de métiers différents, de rencontres multiples et diverses. 37 ans de voyages, à l'est d'abord, du sud au nord de la région, puis du département, de l'Europe aussi. 
37 ans comme un viatique nécessaire. Pour d'autres, il suffit de 12 mois d'une année sabbatique !
37 ans d'identités plurielles, tout en restant la même. 
37 ans de fortunes diverses, apparemment aléatoires. Autant de cheminements, de récoltes d'expériences, de cueillettes d'émotions, de construction. 37 ans, ça passe si vite pourtant, c'est long et c'est si court ! 
37 ans pour se trouver, se retrouver, puis sereinement, se poser. 
Depuis un peu plus de 7 jours maintenant, c'est au numéro 316 du 12 que je pose l'encre, et que je continue le chemin !

Elegansis arbricus – L’arbre de passage

Le ciel est violet de colère. Le parc se vide peu à peu, plus rapidement qu'à l'ordinaire. Les pas se font plus pressés, bien que certains prennent encore le temps de discuter : 
J’aime bien passer par là.
- Moi, j’aime mieux passer par ici.
Passer !
J’en ai vu passer ! Des familles joyeuses, des enfants boudeurs, des marcheurs énergiques. Des cours de yoga, des ateliers de peinture, de dessin, d’écriture aussi.
Je suis celui devant lequel on passe. On ne s’arrête pas, je suis juste là, au bord du petit chemin. Je suis là et j’invite à aller plus loin. C’est dans la clairière, sous les frondaisons centenaires que vont s’isoler les amoureux.
Moi, j’ai mes passants réguliers : le jeune homme de la fin de matinée, par exemple. Lui, il ne vient pas tous les jours, mais une ou deux fois par semaine. Toujours vers la même heure. Il vient s’asseoir et rêver dans une flaque de soleil. Il a toujours un livre à la main, mais il rêve tant que c’est peut être toujours le même.
Il y a aussi le couple de bavards. Ou plutôt, le bavard et celle qui l’écoute. Lui parle, parle, parle encore, elle semble l’écouter, dit « oui », « ah, tu crois », quand il le faut. Mais je vois bien que son regard flotte sur l’eau, s’égare dans les roseaux. Eux, c’est plutôt en fin d’après-midi qu’ils arrivent, chaque fois du même côté et font leur tour, toujours dans le même sens.
Les deux petites viennent souvent aussi. Les deux petites ! Ça fait bien longtemps qu’elles fréquentent le parc. Les premières fois, elles étaient toutes jeunettes. Elles ont bien grandi depuis, mais pour moi, elles restent « les deux petites ». Je ne sais pas ce qu’elles se racontent, elles parlent trop doucement pour que je les entende. Parfois, leurs mains s’effleurent et la tendresse s’installe.
C’est ainsi que se déroulent les journées, rythmées par les visiteurs habituels et les visites impromptues. Un groupe de jeunes, agités et braillards qui finissent par se calmer, pris par la sérénité du lieu. Les mamans, venues montrer les canards aux petits.
Je me prends à rêver. Et si mes passants qui passent se croisaient un jour par inadvertance. Les deux petites et le couple de bavards par exemple. Qu’adviendrait-il ? Se rencontreraient-ils, se verraient-ils ? Ou bien chacun, chacune resterait-il ou elle ancré dans son histoire ?
On passe aussi devant moi pour sortir, après avoir fait le tour. Certains visiteurs, la plupart, je crois, font le tour du parc par le sentier qui s’enfonce sous la voute d’un vert sombre. Est-ce une règle ? "Si on peut faire le tour, merci de le faire !" Quelques autres viennent juste s’asseoir dans leur coin, sur leur banc.
Et moi, je suis là. Je ne suis pas celui devant lequel on s’arrête, Je ne suis pas celui qu’on voit. Je suis juste celui qui est là, celui devant lequel on passe !