dimanche 29 novembre 2020

e -

 Equilibre

Une flamme, une lueur à peine monte, chancèle
Le manège s’anime, s’éveille, s’élance et tourne,
S’arrête, repart, accélère et freine,
Fifre léger des rondes et comptines,
Tourne manège, tourne et retourne !

La flamme s’enhardit, s’élève,

Courses et récitations,
Chutes à répétition,
Au chant guilleret du violon,
Bute le manège, se heurte et se relève !

 

Pleine flamme haute et assurée,

Faire face aux vents parfois contraires,
Pas de deux et marche fière
Sans regarder en arrière,
Valse manège, valse et va !

La flamme lentement diminue,

Comme par inadvertance,
Plus de souffle, plus de chant,
La guitare est désaccordée,
Flotte à peine le manège incertain.

La flamme vacille, frémit et repart,

Très légère brise, bouffée d’air tenue,
Menuet discret, tambourin timide,
Repartir et avancer, laisser le passé,
Le manège reprend son envol

Au gré des vents, au fil du temps,

Scherzo et impromptu,
Violoncelle tendre et piano mutin,
Monte la flamme, monte,
Tourne le manège, tourne ….

samedi 28 novembre 2020

......


 

Alors tu vois, des fois la vie....

Alors tu vois, des fois la vie
Ça vous éclabousse de rouge
De jaunes, oranges et mordorés, 
 
Ce sont ces feuilles tenaces qui frémissent,
Ce grand ciel bleu pâle et frais de novembre
Ces traits de soleil au sortir des ombres froides
 
Des fois la vie, c’est la surface de l’eau qui étincelle,
La rosée de midi dans l’herbe grasse
Ce rond soudain à la surface sombre.

C’est bonjour à un ou une inconnue,

Juste par les regards qui se sont croisés,
C’est nos mains, bientôt, enlacées.

Des fois la vie, c’est le craquement sec des branches,

La surface de l’eau blanche d’écume,
Au sortir du barrage.
 
C’est l’odeur du bois qui brûle
Promesse de feu de cheminée,
C’est rentrer, lasse et apaisée.

Alors, tu vois, des fois,

La vie, c’est joli,
Aussi !

mercredi 18 novembre 2020

Histoire du monde – Pérégrinations incertaines – Volume 12 – Un matin de novembre

Réveil un peu trop matinal. Relever le store et se recoucher ! Le brouillard cotonneux incite à faire le chat sous la couette, plongée dans un bon roman. Lire un peu. Puis, pour le plaisir du jeu, poser le livre, éteindre et jouer à se rendormir juste quelques minutes.

Allons, il est temps, il faut se lever.

Dehors, la pénombre se dissout peu à peu. Le masque, l’attestation, cocher la bonne case. La date, l’heure….. S’envelopper de son grand manteau, grosse écharpe autour du cou.

Sortir et s’enivrer de l’air très frais comme si cette respiration devait être la dernière !

Poser la voiture sur les promenades, marcher dans les feuilles tombées juste pour le plaisir d’entendre leur crissement froissé.

Ici, des passants qui vont au travail, là, on sonne à cette porte du cabinet médical. Un peu plus loin encore, des ouvriers creusent, le chant du marteau piqueur est bien peu musical ! Les grilles ouvertes du square donnent des envies d’échappées.

Tourner à gauche et remonter la rue. Lever des yeux surpris :  le brouillard s’est éclipsé sans crier gare, le ciel intense étincelle de cette lumière toute neuve du petit matin. Les bleus, les fauves et les bruns, les ocres des murs de maisons s’harmonisent en une palette gaie et pimpante, l’air piquant, toujours vif et frais.

La vie est là, qui va, vient et palpite.

mercredi 11 novembre 2020

m -

 

Ce jour-là était un jour spécial, forcément. Bien qu'il n’y ait pas école, il fallait se lever assez tôt tout de même, il y avait à faire !

Il régnait dans l’air une sorte d’excitation particulière, il allait se passer quelque chose. Il fallait être prêt de pied en cap, aucun retard n’était envisageable. On remontait alors la rue d’un pas dynamique mais au lieu de tourner à droite en direction de l’école, on continuait plus haut, on se retrouvait alors face à l’église. Il y avait là les maitres et les maitresses, monsieur le maire, ceint de son écharpe officielle, tambour en bandoulière. Nous retrouvions nos copains et copines d’école, eux aussi quelque peu empruntés et gauches. Les mêmes, mais différents ! Chacun et chacune brillait comme un sou neuf dans ses habits du dimanche.  

Nous n’avions ni l’envie, ni la possibilité sans doute, de nous comporter de manière saugrenue. Il fallait se montrer digne, à la hauteur ! Les seules conversations se déroulaient à voix feutrée.

Le cortège se constituait et se mettait en branle, pour descendre à pas lents, comme il convenait, la petite route que nous n’avions alors jamais l’occasion d’emprunter à titre personnel. En approchant des hauts murs du cimetière, les quelques conversations se taisaient tout à fait.

On franchissait la grille, les pas crissaient alors sur les graviers. L’assemblée se disposait tout naturellement autour du monument, sous l’ombre plus ou moins menaçante à nos yeux des grands cyprès. Il n’y faisait souvent pas bien chaud et nos souffles formaient de petits nuages en s’élevant dans l’air frais.

Je n’ai gardé aucun souvenir des discours, mais je reste imprégnée de la solennité du moment. Le maire battait du tambour. A la lecture de tous ces noms, certains versaient une larme, j’étais triste pour eux, sans savoir vraiment pourquoi. Nous chantions aussi tant bien que mal, la Marseillaise. Le « sang impur et les féroces soldats » me glace toujours autant !

Nous avions assurément été dument instruits de ce qui se passait là et de ce dont il était question. Ce n’est pourtant que bien plus tard que j’ai compris que ce qui pour nous n’était alors que de l’Histoire, achevée et quelque peu lointaine, avait marqué de manière profonde et durable les histoires familiales des habitants du village.

Nous rentrions ensuite à la maison, grandis et auréolés d’un sentiment diffus. Nous étions allés au monument !