mercredi 25 mars 2020

Odyssée intérieure - Une chronique de Marie Séraphine - Bulle 4


....Jour 9...

Prenez ma main, laissez-moi vous emmener,
Partons ensemble sur des chemins parfois oubliés.

Je me souviens….

Je me souviens de la fête des écoles,
Les répétitions des spectacles,
Dans la classe d’abord, puis dans la cour, en situation.
Le jour J, la tunique à la couleur de l’année,
Les grandes chaussettes blanches.
Le défilé dans les rues,
Fiers et invincibles.

C’était aussi la pièce de 5 francs,
Richesse infinie,
Pour l’Orangina et le sandwich à la saucisse.

Je me souviens des étés interminables,
De cet entredeux qui ne finirait jamais,
Dont j’ai gardé le gout et le besoin.
Ce moment sans limite,
Ne dut-il durer que 5 minutes ou des heures.

C’était le moment des jeux au jet d’eau glacée dehors,
Le premier maillot de bain, rouge.
La cour, les plaques d’ombre fraiche,
Les flaques de soleil.

Les excursions à la cabane, au fond du jardin,
Les sandwiches de gros pain, beurre salé et carrés de chocolat Poulain.
Notre gourmandise nous a permis de gagner un appareil photo
Grace aux vignettes collectionnées.

Les repas dehors à la nuit tombante en regardant les hirondelles tournoyer,
Le menu était quasiment invariable :  
Salade composée : chicorée, pommes de terre et œufs durs,
Vinaigrette ail et moutarde.

Je me souviens aussi des expéditions au bout du monde,
A pied, jusqu’au village voisin distant de 5 kilomètres.
A l’arrivée, la limonade fraiche tirée du puits,
La boite de gâteaux secs que nous vidions entièrement.
Après nos visites, le noisetier se retrouvait nu !

Aujourd’hui, la vie est passée par là,
Mais la branche du vieux lilas vient gratter par intermittence à ma fenêtre,
Déjà lourde de hampes qui ne demandent qu’à s’épanouir.

lundi 23 mars 2020

Odyssée intérieure - Bulle 3

… Jour 7…


Au son grave et sérieux du violoncelle,
Mon regard se porte à la fenêtre.
Il en faudrait peu pour se laisser envahir 
Par la mélancolie et la peur qui voudraient s'immiscer dans nos vies.

Le ciel bleu d'azur, serein et frais
Comme une main tendue.
Au fond, la cathédrale fière,
Immuable et solide.
Quelques rangées de toits, 
Palette de couleurs en apparence désordonnée.

Un peu plus près, les volets bleu pervenche de la maison des voisins, 
En surplomb du jardin orné de ses premières couleurs du printemps.

Les branches des sapins et du petit arbre jouent avec la lumière
Et viennent éclabousser le balcon de taches de lumière fugitive et changeante.

Dans la jardinière, les petits narcisses se fanent, déjà, 
Mais la renoncule rouge tient bon et aligne un par un ses boutons prêts à éclore.
Le romarin, imperturbable, continue de pousser.

Viste de mon sous-bois personnel et minuscule.
Une promesse, précieuse,
Le muguet surgit de toutes parts,
On devine le blanc de ses clochettes en devenir.

Le regard rebondit et se perd à nouveau dans le ciel.
Un nuage, petit et léger, 
Couette enveloppante...