lundi 29 juillet 2019

Histoires du monde - Pérégrinations incertaines - Volume 3 - Sur les berges de l'Orénoque...

D'abord, le sac, équipement de survie : 
- la gourde, rouge, évidemment, dans son étui isotherme,
- le parcours prévu et choisi, 
- la carte IGN, au cas fort probable où on ne s'en tiendrait pas à ce qui est prévu, 
- les menues piécettes,
- un livre, indispensable, vital et nécessaire - si jamais un banc accueillant, à l'ombre....
- le téléphone, seul lien avec la civilisation... 

C'est le départ, grand soleil bleu d'azur, air chaud mais avec un zeste de fraicheur qui se laisse percevoir. En route, c'est parti pour l'aventure lointaine. Premiers coups de pédale, premiers tours de roue, très vite, laisser derrière soi la "civilisation". Se tromper volontairement d'emblée de chemin, juste un peu, juste assez pour se sentir rebelle !

Premier signe de liberté, ce héron posé au milieu de nulle part, certainement très affairé. A quoi pensait-il, nul ne le saura jamais, il l'a gardé pour lui. 

Rejoindre les rives lointaines, pédaler, rouler, rêver, loin, si loin, et pourtant juste tout à côté. 
Promeneurs paisibles et policés, le vent ride légèrement la surface de l'eau, agite juste assez les herbes folles.
Évasion totale, sans question, sans notion du temps qui passe. Itinéraire prévu oublié, bien évidement. Aller de l'avant, toujours, sans connaitre la destination. Partir du principe que ceux qu'on croise dans l'autre sens reviennent bien de quelque part.

Se laisser envahir par la douce mélancolie des souvenirs d'autres évasions, sur les chemins de halage, il n'y a finalement pas si longtemps, et d'autres encore, plus anciens. Ces jours d'équipées sauvages lors des étés interminables de notre enfance, qui nous semblaient héroïques et nous menaient tout droit à la boite de gâteaux, accompagnées de bouteilles de limonade fraiches, remontées du puits. 
Comment pouvait-elle savoir que notre bande de pillards était sur le point d'arriver, on ne le saura jamais, tout comme le héron, elle a gardé ce secret pour elle et nul n'aurait jamais songer à oser la questionner. 


 
Un plouf retentissant signe la fin de cette songerie. Un canard...
Le chemin s'amenuise, devient plus sauvage. Il est temps de quitter ces bords si paisibles, tout en se promettant d'y revenir très vite. Quelques bancs repérés plus tôt seront certainement très hospitaliers.

Trouver une autre voie. Village et chemin à l'écart, au milieu des champs récoltés, qui ramènent à la réalité du jour présent. La chaleur de ce jour d'été, le soleil qui va dorer la peau. 

C'était un après-midi d'été, un voyage lointain, sur les berges de l'Orénoque...

vendredi 26 juillet 2019

Histoires du monde - Pérégrinations incertaines - Volume 2 - En attendant l'orage...

Ce serait un soir de canicule, 
impossible de dormir, 
besoin d'écriture.

On pourrait alors 
mettre des mots sur ce qui pèse
éloigner ainsi la peine, 
la tenir à distance. 

Il était pourtant si joli,
ce doux rêve joli. 
Malgré les doutes et les questions, 
il faisait si bon y penser,
si bon s'en bercer. 

.....
Pourquoi faut-il que les belles histoires
ne soient jamais que celles qui sont impossibles ?

Voir autour de soi s'agiter les histoires des autres
Les regarder vivre, simplement, au moins en apparence. 
Se dire qu'on voudrait en être, 
Acteur et non témoin

...

Certains soirs de canicule, 
en attendant cet orage qui ne vient pas, 
les gouttes qui tomberaient sur le clavier
seraient sans doute moins d'eau douce 
que d'eau salée.





"C'est à l'instant où ils nous filent entre les doigts
qu'on réalise que c'étaient des beaux moments"

Jim - De beaux moments

mercredi 24 juillet 2019

Pays de vignes et d'ardoise fine

C'était en septembre, 
au soir de ces journées parfois chaudes encore. 
Il revenait avec dans les mains,
un bouquet aux couleurs chatoyantes et folles.

Le lendemain, au départ pour l'école, 
nous prenions bien soin de ne pas abimer
de nos mains maladroites
ce précieux trésor.

En remettant à la maitresse
ces feuilles de vigne 
écarlates, pourpres, mordorées, jaunes
panachées de vert parfois,
nous devenions l'espace d'un moment
les rois du monde.

 

dimanche 14 juillet 2019

Ils ont mis leurs beaux habits....

La discussion a été longue, une étape après l'autre : 
- Tu as vu, c'est le dimanche 14 juillet. 
- Non, c'est vrai ? Pourquoi ce jour-là ? Il y a déjà le feu d'artifice, ça va faire beaucoup, on va être fatigués...
- Ben oui, mais bon, c'est ce jour-là. 
Quelques jours plus tard : 
- Bon, qu'est-ce qu'on fait, on s'inscrit ? 
- Bah, oui, on verra après si on est trop fatigués pour le feu d'artifice. 
Un peu plus tard... 
- Et toi, tu vas mettre quoi ? 
- Mon pantalon léger et ma chemise blanche. 
- Comme d'habitude, quoi. 
- Tu aurais voulu que je m'habille autrement ? 
- Tu pourrais mettre ton pantalon gris et ta chemise à manches courtes. C'est le 14 juillet, il va faire chaud. Et puis, ce sera comme si on avait encore vingt ans. 
- Tu te rappelles nos vingt ans, la guinguette, le bal du 14 juillet, justement...
- Oh oui ! Arrête, le rose me monte aux joues...
- Et toi, tu mettras ta robe qui tourne ? 
- Laquelle, la rouge ? Tu crois, le rouge, c'est pour les jeunes... 
- Ben oui, mais justement... Nos vingt ans, la guinguette, tout ça...
Ce point réglé, il a fallu ensuite minuter la préparation : deux jours avant, sortir les vêtements, les chaussures, vérifier le bon état de l'équipement. Un petit coup de cirage peut-être ? Non, on ne met pas de cirage sur les sandalettes...
Tenue prête, révisée, comme pour la parade. 

Le jour J. 
Réveil un peu plus matinal que d'habitude, on ne sait jamais au cas où. Le repas est à 12h30 mais il faut prévoir. Et puis, il ne s'agirait pas d'arriver en retard, après on a les mauvaises places, celles du bout de la table et on ne peut parler à personne...
La chemise à manches courtes qui serre un peu, le pantalon gris, les chaussettes blanches dans les sandalettes - oui, c'est l'été mais bon, on ne sait jamais, il ne s'agirait pas d'attraper un rhume des pieds !
La robe rouge qui tourne, vraiment ? D'accord mais alors il faut mettre ces chaussures-là, pour faire assorti - je vais avoir mal aux pieds en fin d'après-midi, surtout si on danse - mais bon avec la robe rouge, de toutes façons... et puis alors, il faut mettre un peu de rouge à lèvres et un soupçon de parfum, celui qu'il m'avait offert, après le bal du 14 juillet...

C'est le moment. Parés, fin prêts, devant la porte qui n'est pas ouverte encore. 

- Oh, tu as vu, il y a S et J. 
- Ah, oui, et puis tiens, finalement A est venu. Il m'avait dit qu'il n'était pas sûr, depuis qu'il est tout seul...
- On pourrait lui proposer de se mettre avec nous..
- On pourrait...
- Tu es belle dans ta robe qui tourne... 
- Et toi, joli garçon avec ton pantalon gris...

- Tu danseras une valse avec moi, comme à la guinguette ? 
- Arrête, le rose me monte aux joues...