mercredi 19 janvier 2022

Á la manière d'un kétala...

Moi, lampe de poche, j’ai guidé ses pas, dans les nuits venteuses et froides de novembre. Lorsqu’il traversait la petite cour, pour rentrer au chaud, au sortir de son atelier sous la valse légère des premiers flocons.

Mon orange rutilant s’est bien vite trouvé agrémenté de taches de peinture multicolore, jaillies de ses pinceaux généreux.
J’avais de multiples places attitrées au gré des circonstances. Posée à côté des clés derrière la porte, à la maison.
Ou sur le tabouret, un peu à l’écart de sa table de noyer foncée, au fond de l’atelier.
Mais aussi sur la vieille boite à gâteaux en fer blanc, pleine de bouts de tout et de rien, bric-à-brac inutile et tout aussi indispensable, au milieu des copeaux, les jours de menuiserie.
Et enfin, suspendue à mon crochet, à la cave, pour éclairer les premières dégustations du vin nouveau.
Je n’ai jamais eu la puissance de mes consœurs plus modernes, mais j’ai accompagné les aventures d’Émile au jour le jour, sans faillir, à ma place favorite, au creux de sa main burinée. Aujourd’hui encore, je suis là, toujours prête à prendre du service.
Et d'ailleurs, le soir venu, c'est bien ma lumière qui luit sur les pavés de la venelle, à la fin des soirées mauves d'été, au  moment de raccompagner la petite Julie, ivre de fatigue d'avoir parcouru les chemins avec Noisette.