samedi 30 novembre 2019


Histoires du monde - Pérégrinations incertaines - Volume 7 - Dernier midi de novembre

Chez moi, c'est le monde fluide,
Immuable, mobile et changeant. 

C'est le vieux pont de fer rouillé, 
le banc de bois, cassé, 
le vol lourd du héron à la surface lisse, 
le piautement aigu de la buse qui veille. 

C'est glisser en silence
au rythme nonchalant de la promenade, 
c'est le vent, frais, juste assez, 
qui fait frissonner la haie.

Chez moi, c'est le monde furtif, 
discret et immense
tout juste perceptible.

C'est le miroir gris, 
impavide de la rivière, 
c'est le chant de l'eau 
qui tourbillonne, au sortir de l'écluse. 

Chez moi, c'est rentrer au soleil pâlissant, 
et se dire que la journée aura été belle, 
Oui, vraiment.

mercredi 27 novembre 2019

Gousse de vanille et bois de cade

Rien,
Pas de liste, surtout pas de liste,
Pas de verbe, pas de limite.

Ou alors juste,
Juste une once de parcimonie, 
Un océan de folie.

Un rien de chocolat chaud,
Mais blanc, velouté, italien.

Aucun bruit, du silence, douillet
Pour se concentrer
Mais habité de souffles et de murmures multiples,
La symphonie du vent, 
Le staccato des gouttes sur les feuilles déjà mouillées,

L'air frais, bleu du soir, 
Le parfum âcre des cheminées d'automne,

On parlera de tout,
On parlera de rien,
Tu tiendras ma main, 
Ce sera la vie, 
Ce sera bien.

lundi 18 novembre 2019

Atelier d’écriture - Marie Séraphine - Kétala

En dialecte sénégalais, « kétala » veut dire "partage de biens"

« Moi ? Oh moi, c’est Marie Séraphine.
Mon adresse : igloo provisoire, quelque part.
Un igloo, c’est rond, doux et blanc. C’est pratique, ça n’a rien de définitif, un igloo, juste assez solide le temps qu’il faut. La douceur revenue, il fond. C’est alors le moment de repartir à la rencontre du monde.
Signe distinctif remarquable : mes lunettes de chouette, indispensables, posées sur le nez, dès potron-minet !
Mon métier : regarder et écouter les gens, les aider à se dire, à se mettre en mots. On pourrait dire « accoucheuse », cela s’appelle « Écrivain public ». Leurs mots, je les recueille et leur donne un abri, le temps de les ordonner et de les livrer ensuite au vent.
Autres caractéristiques tout aussi capitales : j’aime le rouge, les roses et la vie…. Et il n’est pas si rare de voir fleurir sur mes lèves un sourire un peu béat, lorsque mes pensées s’envolent vers mon Conteur d’Étoiles. Il n’est pas loin, juste à côté, sur la grande plage de l’Ile du Jour d’Avant.
Un de ces jours prochains, je vous dirai.
Je vous parlerai de mes rencontres, de cette si grande petite fille qui manie les mots avec tant de délicatesse, de cet arpenteur de paysages escarpés, de cet autre rêveur aussi, qui parlait aux oiseaux. Il sera sans aucun doute question de cette petite fille, qui, elle, disait "Par-contre", d’un air si pénétré ; ou bien encore de tous ceux-là, dont les chemins ont un jour croisé le mien. ».

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« Moi, morceau cassé de boule de barre à rideaux, je suis fait de bois d’olivier. J’habite dans la chambre de l’igloo de Marie Séraphine.
Marie Séraphine, une oreille attentive, une main tendue, à l’écoute de ses multiples visiteurs pour ensuite retranscrire leur histoire aussi fidèlement que possible.
Puis, sa tâche du jour achevée, dans sa chambre, ses rideaux rouges tirés sur la nuit, bien souvent, après relu ses quelques lignes préférées de la page 4, Marie Séraphine s’endort en souriant, pensant à son Conteur d’Étoiles, parti voyager sur l’Ile du Jour d’Avant.
Elle n’aime rien tant que marcher sur la plage à ses côtés, en riant aux éclats. » 
(à la manière de Kétala, de Fatou Diomé)

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"Il y a, Marie Séraphine, ce dernier texte que tu peines à écrire
il y a les roses
il y a la pluie qui tombe enfin
il y a les mots, tous les mots, les mots qu'on dit, les mots qu'on lit, les mots qu'on écoute, les mots que tu écris, qui apaisent et guérissent
il y a ce reflet translucide sur l'eau du lac, les dimanches après midi d'automne, lorsque le soleil pâle a réussi à percer la brume
il y a le silence enveloppant qui permet de rêver à la lune
il y a les vols de grues et l'Adagio pour cordes de Samuel Barber
il y a cette nouvelle étoile furtive apparue hier, que nous irons contempler un jour prochain, depuis la grande plage de l'Ile du Jour d'Avant
il y a cette histoire que nous tricotons à quatre mains, à grands coups d'éclat de rires, parsemée de mots, délicatement posée dans son écrin de bois précieux toujours ouvert, fait de bois d'olivier rouge." 

lundi 11 novembre 2019

Histoires du monde - Pérégrinations incertaines - Volume 6 - Se souvenir, toujours...


Non ! 


Pas de tambours intempestifs. 
C'est au son du clairon qu'on allait jadis, se faire massacrer. 

S'échapper sous le ciel lourd et bas, avant la pluie.
Marcher au rythme cadencé des bourrasques fantasques. 
Respirer la vie à pleins poumons, fouler le tapis souple des feuilles mortes.
Se laisser bercer jusqu'à l'ivresse par la flamboyance ultime.


Méditer, penser, se laisser envahir par ce silence feutré
en hommage à tous ceux-là. 

Les cloches....
C'est à 11 heures qu'elles sonnèrent à toute volée.

Ne jamais oublier. 

"Il n’y a pas d’étrangers sur terre.
Il n’y a que des gens qu’on ne connaît pas encore"
La Cimade