jeudi 9 avril 2020

Une chronique de Marie Séraphine - Les mains de Budjari - Bulle 7

… Jour 24…

Telles des oiseaux légers, ses mains dûment gantées, la droite de laine rouge, la gauche de laine violette, s’agitent et virevoltent en cadence. Elles vont et viennent, industrieuses et affairées, si aériennes pourtant. Elle se redresse pour prendre le temps d’expliquer sa vie et sourit tranquillement, de ses grands yeux lumineux.
Alors qu’elle a enlevé ses gants de fortune, ses mains fines et minces continuent de manier la pioche. Avec vivacité, elle glisse dans son grand sac les trésors repérés au premier coup d’œil. Son sourire s’élargit encore, elle a trouvé du pain. Aujourd’hui, elle va manger.
A cause du virus, l’école a fermé et Budjari a changé de métier. Ses mains de petite fille ne manient plus le stylo. Elle a neuf ans et est devenue chiffonnière à plein temps sur la plus grande décharge de Delhi.