Ces mains-là sont nées entre deux guerres,
S’attarder à l’école n’était guère de mise,
Par ces temps d’ordinaire misère.
Ces mains-là, bien vite, bien jeunes,
Au travail, au labeur,
Crevassées d’engelures.
Ces mains-là se sont faites fortes et solides,
Pourtant bien souvent inquiètes,
Sans nul doute.
Ces mains-là ont su écrire une vie,
Se sont montrées dignes,
Discrètes et modestes, inventives et réparatrices.
Ces mains-là, consolantes et dures à la peine,
Toujours à faire, avancer,
Repasser, réparer, repriser, cuisiner.
Ces mains-là, plus tard, plus légères,
Eau de parfum chèvrefeuille,
Les jours de sortie.
Ces mains là ont su jouer, aussi,
Quelques trop rares parfois,
Fugaces instants d’insouciance.
Ces mains-là, au repos, le soir tombant,
Les fleurs arrosées, la maison rangée,
Ces mains-là, posées, en paix, enfin.
Ses mains, là.