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Le temps glacial et lumineux de ces derniers jours
fait rejaillir quelques souvenirs.
Me reviennent les images d'un court séjour en bord de
mer. C'était en Vendée, à l'occasion des vacances de Pâques. Nous étions partis
entre copains, les âges s'étalant sur une dizaine d'années. J'étais parmi les
plus jeunes et n'avait eu que la permission de quelques jours.
C'était le moment de la "délure", de
l'émancipation. Les soirées avaient le parfum de l’Amsterdamer ! Notre
franchissement des règles se traduisait en chansons sur des airs de guitare, rengaines
ou plus exotiques, des tisanes modernes et des parties de tarot à n’en plus
finir jusqu'à des heures inavouables, 3 heures du matin ou plus, même des nuits
blanches certaines fois !
Il fallait alors prendre un air inspiré, songeur et
sûr de soi ! Jouer LA carte fatale et faire un coup de maître ! Je participais,
bien sûr, avec un air tout aussi inspiré, mais n'ai jamais compris ce jeu et ne
sais toujours pas y jouer !
Le temps était infini, nous étions jeunes, nous nous
sentions libres. Nous nous pensions avec candeur novateurs, réinventant la
société, sans songer un seul instant que nous ne faisions que marcher dans les
traces de nos aînés, nous affranchissant juste un peu des codes pour mieux y
revenir une fois adultes !