A la pointe du stylo, les mots s’envolent. Assis en terrasse, le petit café bien serré dans la tasse fumante, il écrit. Il laisse son regard flotter dans le vague. Cette passante au pas pressé, qui serre son panier comme le trésor d’une vie, à quoi peut-elle bien penser ? Son repas de midi à base de produits frais ou plutôt son prochain week-end d’évasion à deux vers une destination tenue secrète ?
Et lui, le camelot qui tente de séduire le chaland, qu’espère-t-il
et de quoi rêve-t-il ?
Tiens, la libraire a mis sa robe des jours de beau temps. Elle
installe des nouveaux livres dans sa vitrine, des recueils de poésie y côtoient
les polars les plus noirs. Les buveurs de bière attablés en face argumentent et
discutent. L’affaire doit être d’importance si on en juge par leur véhémence !
Sous une table, la tête calée sur les pieds de son maitre, une
petite chienne feint de dormir, tout en suivant d’un œil les moineaux
téméraires de la place, qui viennent voler des miettes perdues.
De l’autre côté, on s’affaire à la mise en place, et les effluves
de poulet rôtis à la broche donnent l’heure.
Un couple sort à petits pas glissés, par crainte de trébucher
sur les pavés inégaux. Ils sont bien vite doublés par une famille aux enfants
rouges et braillards qui réclament une glace et des bonbons, qu’on finira par
leur acheter de guerre lasse.
A la cathédrale, l’angélus sonne. Il se lève et rentre à pas
tranquilles. Un de ces matins de marché au cours duquel il ne s’est rien passé.
