dimanche 18 octobre 2020

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Ailleurs

Lorsque j’étais petite, et même un peu après, j’envisageais la vie comme une sorte de ligne droite aux étapes balisées à l’avance, une autoroute. Je n’envisageais pas la fin, je ne voyais que le parcours. Comme dans un jeu vidéo, on devait valider les différents niveaux l’un après l’autre, c’est ce qui était prévu, normalement. C’est peu de dire que je me ne me sentais pas qualifiée pour cette sorte de vie là, davantage tétanisée par la sensation de ne pas me sentir apte que rassurée par la fausse sécurité que ce balisage aurait pu apporter. Mon train est petit à petit sorti de ces rails.

Á 18 ans, j’ai quitté le nid familial pour la toute première fois, sans aucune question ni inquiétude. Je partais faire mes études à Dijon, ville inconnue, dans laquelle personne ne m’attendait, à 8 heures de train, à l’époque ! Eh oui, c’était avant le TGV ! J’ai traversé un petit bout de Paris, (minuscule, de la gare d’Austerlitz à la gare de Lyon), les yeux curieux, grands ouverts sur le monde.

J’ai passé mes deux premiers mois d’affilés sans rentrer chez mes parents, dans ma chambre de cité universitaire. C’était mon chez moi. J’étais libre, sérieuse et bûcheuse, mais libre !