J’ai tué mon voisin !
Diable ! Mais quand, pourquoi, et où ?
C'était il y a bien longtemps, sous le soleil implacable qui
vous anesthésie dès le seuil franchi ! L'air ambiant nous parvenait par vagues
étouffantes, comme pour nous assécher davantage.
Nous étions seuls au monde, perdus, loin, très loin de tout ! Le
temps s'étirait, comme au ralenti. Il ne fallait pas trop bouger, ou au moins
se mouvoir avec lenteur et prudemment.
Assis à même le sol, nous observions la vie minuscule autour de
nous. Les insectes et autres bestioles vaquaient à leurs affaires, unique trace
de vie, comme indifférents à la chaleur ou à toutes autres considérations !
Lorsque la soif se faisait trop insupportable, nous nous
accordions avec parcimonie une toute petite gorgée d'eau, juste assez pour
tenir, mais en veillant à économiser au mieux. De temps à autres, nous
relevions la tête pour surveiller les environs, juste au cas où.
Les minutes passaient, qui devenaient des heures. La tentation
de se laisser aller se faisait pressante. Mais un sursaut nous ramenait à notre
vigilance. La veille reprenait.
Soudain, il se redressa de toute sa taille, en riant à gorge
déployée !
"C'est trop, il faut en finir, je ne tiens plus ! "
J'appliquais alors la règle implacable : je le "tuais"
aussitôt, d'une claquette vigoureuse ! Mon voisin venait de perdre à "Qui
rira aura une claquette".
Nous avions 8 ans, le jardin était notre bout du monde, au cœur
de l'été !