mercredi 14 mai 2025

Une danse

Elle danse, la petite. Les petits pieds s’envolent, tournent, tapent et claquent. Elle tourne, tourne, tourne encore !

Sur la place, les gens sortis de leurs maisons ou des rues adjacentes, se sont rassemblés imperceptiblement, tranquillement à pas de velours. La foule silencieuse et attentive, ondule, bercée par la musique et guidée par le vol si léger de la ballerine.

Le musicien semble suivre la danse et, comme tout un chacun, retient son souffle à chaque saut léger de la petite. Les pavés luisent encore de la pluie matinale. L’air frais bruisse à peine du vent dans les feuilles. Le temps s’est arrêté, suspendu, lui aussi au rythme de la danseuse.

Enfin, sur un dernier entrechat, une dernière volte, la jupe rouge s’éclipse, avec un ultime sourire légèrement malicieux. L’archet du musicien effleure juste les cordes, à peine, encore une fois, en un discret soupir d’au revoir.

Les passants sortent peu à peu de transe et vaquent à leurs affaires, les oiseaux se reprennent à chanter. Le parfum des fleurs embaume, les couleurs se font plus éclatantes, comme au sortir d’un songe.

jeudi 8 mai 2025

Pourtant ......

 

Le regard perdu dans les nuages, l’esprit s’égare. Les temps sont paisibles ici, derrière la fenêtre, au bout du balcon. La vie semble s’écouler, comme à l’ordinaire. Les arbres ont reverdi et se balancent doucement. La brise se fait plus douce. Les grues, les hirondelles et les clochettes sont revenues.

On célèbre les quatre-vingt ans d’une paix éternelle. Quatre-vingt ans, une vie ! Une vie de dur labeur, sans nul doute, à reconstruire, rebâtir, relever les murs et les hommes, appréhender l’innommable après l’avoir tu, parce qu’indicible.

La belle saison s’annonce, là dehors, au bout du balcon.

Quatre-vingt ans de plus jamais ça, bien qu’émaillés de leurs lots d’horreur et de folie pourtant. Mais le progrès était en marche, l’homme se sentait devenu grand ! On allait vers le bonheur.

Le chant des oiseaux se mêle aux notes du violoncelle, là dehors, au bout du balcon.

Quatre-vingt années plus tard, on affute les armes, les canons tonnent à nouveau, les fous se sentent pousser des ailes !