Elle danse, la petite. Les petits pieds s’envolent, tournent, tapent et claquent. Elle tourne, tourne, tourne encore !
Sur la place, les gens sortis de leurs maisons ou des rues adjacentes, se sont rassemblés imperceptiblement, tranquillement à pas de velours. La foule silencieuse et attentive, ondule, bercée par la musique et guidée par le vol si léger de la ballerine.
Le musicien semble suivre la danse et, comme tout un chacun, retient son souffle à chaque saut léger de la petite. Les pavés luisent encore de la pluie matinale. L’air frais bruisse à peine du vent dans les feuilles. Le temps s’est arrêté, suspendu, lui aussi au rythme de la danseuse.
Enfin, sur un dernier entrechat, une dernière volte, la jupe rouge s’éclipse, avec un ultime sourire légèrement malicieux. L’archet du musicien effleure juste les cordes, à peine, encore une fois, en un discret soupir d’au revoir.
Les passants sortent peu à peu de transe et vaquent à leurs affaires, les oiseaux se reprennent à chanter. Le parfum des fleurs embaume, les couleurs se font plus éclatantes, comme au sortir d’un songe.