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Mon chez-moi, quitté depuis si longtemps ! Jamais abandonné
pourtant ! Mon pays d’enfance, laissé pour la première fois l’année de mes
18 ans.
Ce pays d’où je viens, je le porte en moi, il est constitutif de ma personnalité. Je suis pour toujours et à tout jamais, une fille de l’ouest. J’aime
à penser que je viens d’un pays qui a toujours été à la croisée des chemins, un
pays qui n’a jamais été enclavé, son identité même s’est forgée de cette
réalité. Du Nord au Sud, d’Est en Ouest, nombreux sont les histoires et les
destins qui s’y sont rencontrés, certains même s’y arrêtèrent.
La douceur de vivre qu’on lui prête n’est pas qu’une image
poétique ! J’ai plaisir à retrouver les chemins qui m’y ramènent, tant par
la pensée que par la route.
Cela commence par l’autoroute qu’on abandonne à dessin, quelques
kilomètres plus tôt, juste pour le bonheur d’arriver par les petites routes, au
bord de la Vienne. La douceur du soleil sur les pierres blanches, les petites
maisons tassées sur le bord de la levée, face au spectacle majestueux de la nature
sauvage.
Au confluent de la Vienne et de la Loire, prendre le temps.
Laisser la voiture et arpenter les yeux grands ouverts les multiples ruelles d’un
ancien village de pêcheurs, doté d’une collégiale colossale !
On poursuivra ensuite en longeant un château qui illustre le
riche passé de région avant de bifurquer vers les collines recouvertes de
bosquets et de vignes. Nous voici au pays du bien boire et du bien manger !
D’une certaine élégance de parole aussi ! C’est du moins ce qu’en
disent les autochtones, quelques peu dépourvus de modestie parfois, semble-t-il !
Ce n’était certainement pas un pays de Cocagne. Ses gueux et autres
traines-misères y ont eu leur lot de malheurs. Il était surtout riche de petites
gens.
Mais voilà, lorsque j’y pense aujourd’hui, me revient le goût du
fromage de chèvre marié au vin rouge léger, la douceur de l’air ambiant, le
paysage flamboyant des vignes en automne, les pierres blanches sous les toits d’ardoises
bleus, les clos entre les murs, les caves et les troglodytes, les amandiers et
les noyers imposants.
Ce pays, j’en suis partie pour aller plus loin, sans regrets.
Vivre et grandir, c’est voyager, avancer, aller. Mais il m’a toujours habitée !
On ne se sépare sans doute jamais de son enfance.
Chaque fois que j’y retourne, monte peu à peu la sensation de
rentrer.
Chez moi !