L’ocre fauve de la flamme chancelante monte et réchauffe le plafond bas et gris au dehors. Les cuivres patinés brillent doucement à cette lumière incertaine. Il fait bon se pelotonner dans la lumière douce et se laisser aller à rêver.
Voilà que sonnent cinq heures. Les mots de Marie Séraphine s’enchainent
sur le carnet. Son stylo court sur le papier. Le ciel obscurément blanc, opaque,
supprime provisoirement la ville.
Au creux de ce cocon ouaté, apaisée, elle remonte le fil de
sa vie. La petite fille aux couettes a fait son chemin, riche, chaotique, changeant
et incertain. Ses pas l’ont menée au gré du hasard, et le hasard fait parfois
bien les choses, sourit-elle.
Sa curiosité du monde et des autres est intacte, sa soif de
lectures et de partage tout autant. Demain, elle retrouvera cette vie-là.
Mais à cet instant, elle savoure pleinement cette pause, cet
intermède de douceur et de liberté. Elle est chez elle dans sa maison des nuages,
à sa place, celle qu’elle s’est choisie, enfin !
Noisette à ses pieds suit son travail, soutien discret. Cette fin
d’après-midi appelle un rooibos vanille.