Chocolat blanc suave
Noisettes éclats d’Italie
Nectar délicat.
Il fait bon dans la salle, les vitres embuées laissent deviner
les silhouettes des passants qui semblent presser le pas dans la grisaille. Chacun
vaque à ses affaires, se croise, se dépasse, va et revient.
- Maman !
Julie, perdue dans ses pensées, sursaute soudain ! Face à
elle, deux grands yeux l’observent avec un sérieux immédiatement démenti par
les moustaches nacrées apparues au-dessus de la lèvre.
- Maman, je suis prête, j’ai tout bu ! On y va ?
Julie sourit devant le petit nez froncé.
- Oui, ma grande, je paie et on sort.
Charlotte proteste :
- Non, non, non, pas aujourd’hui ! Aujourd’hui, c’est moi
qui paie. J’ai même apporté ma tirelire exprès ! La petite se lève et se
dirige solennellement vers la caisse pour régler les consommations. Elle compte
avec soin les grosses et les petites pièces pour arriver à la somme juste.
Dans la rue, l’air frais embaume du parfum des gaufres chaudes.
Écharpe grisaille
Éclats de ciel bleu azur
Promesse ténue.
La rumeur du centre-ville laisse la place à quelques chants d’oiseaux
discrets, Charlotte les accompagne à mi-voix, les joues rosies par l’effort. La
rue monte en serpentant entre les vieilles maisons à pans de bois.
Julie la suit, attentive et attendrie. Cette jeune personne lui
en rappelle une autre !
Parvenues sur la place, tout en haut de la rue, le soleil est au
rendez-vous et leur fait un clin d’œil. Les toits de tuiles s’illuminent par
instants. Charlotte glisse sa main dans celle de sa mère.
- Dis, tu crois qu’il y aura de la confiture ?
- Charlotte, tu es une gourmande, tu viens de boire un chocolat !
- La confiture, c’est moi qui l’ai faite, se justifie Charlotte.
- Oui, enfin avec un peu d’aide, tout de même, non ?
La pente se fait plus douce en arrivant vers les vignes. Les
gravillons roulent sous le pied. Au carrefour, une silhouette.
- Papa !
Charlotte se précipite et saute dans les bras de son père !
- Tout doux, ma belle ! Alors, il était bon ce chocolat ?
- Oh oui ! Et puis tu sais, j’ai payé, toute seule avec mes
sous ! J’ai fait un cadeau à maman !
- C’est très gentil, ma grande !
C’est main dans la main que les trois arrivent dans la petite
cour. Noisette, toujours aux aguets, les salue d’un jappement bref. Marie
Séraphine leur sourie.
- Entrez, entrez, tout est prêt !
Émile sort de son atelier et secoue les copeaux restés accrochés
à sa blouse.
Lumineuse soirée
Éclats de rire chaleureux
Bonheur tranquille