Attendre
.....
Ne pas pousser tout de suite la lourde porte cochère en bois de noyer.
Prendre le temps de tendre
l'oreille pour percevoir les sons qui parviennent à passer le seuil encore
fermé.
Avancer et entrer dans
une bouffée de fraicheur qui contraste avec l’épaisse touffeur de la rue pavée.
Laisser les yeux s'habituer à la
pénombre avant de tourner le regard vers la fontaine minuscule, étincelante en
plein soleil.
Il s'en échappe juste un
murmure tenu et persistant. Des gouttelettes s'envolent parfois dans la très
légère brise de cette fin d'après-midi.
Les massifs de rosiers rouges en
contrepoint.
Les graviers des allées crissent
sous le pas tranquille des quelques visiteurs attentifs et discrets.
Au pied des épais murs de pierre
du fond, les ombres s'étirent déjà en un écran protecteur. Les quelques bancs
de fer forgé invitent à une pause méditative.
Le chant du rossignol philomèle
et de la grive musicienne, dissimulés dans les fleurs parme foncé des
bougainvilliers composent un adagio sur fond du bruissement irrégulier des
branches du vieux micocoulier.
Le chèvrefeuille et le jasmin
s'accordent en un nectar odorant.
Se laisser pénétrer de toutes
les fibres de son corps, s'oublier et se dissoudre dans cette mosaïque de
couleurs et de sensations.
... et doucement, ressortir, retrouver le cours de sa vie, neuf, renouvelé, en se faisant la promesse de revenir, ... toujours ...