D'abord, le sac, équipement de survie
:
- la gourde, rouge, évidemment, dans son
étui isotherme,
- le parcours prévu et choisi,
- la carte IGN, au cas fort probable où on
ne s'en tiendrait pas à ce qui est prévu,
- les menues piécettes,
- un livre, indispensable, vital et
nécessaire - si jamais un banc accueillant, à l'ombre....
- le téléphone, seul lien avec la
civilisation...
C'est le départ, grand soleil bleu d'azur,
air chaud mais avec un zeste de fraicheur qui se laisse percevoir. En route,
c'est parti pour l'aventure lointaine. Premiers coups de pédale, premiers tours
de roue, très vite, laisser derrière soi la "civilisation". Se
tromper volontairement d'emblée de chemin, juste un peu, juste assez pour se
sentir rebelle !
Premier signe de liberté, ce héron posé au
milieu de nulle part, certainement très affairé. A quoi pensait-il, nul ne le
saura jamais, il l'a gardé pour lui.
Rejoindre les rives lointaines, pédaler,
rouler, rêver, loin, si loin, et pourtant juste tout à côté.
Promeneurs paisibles et policés, le vent
ride légèrement la surface de l'eau, agite juste assez les herbes folles.
Évasion totale, sans question, sans notion
du temps qui passe. Itinéraire prévu oublié, bien évidement. Aller de l'avant,
toujours, sans connaitre la destination. Partir du principe que ceux qu'on
croise dans l'autre sens reviennent bien de quelque part.
Se laisser envahir par la douce mélancolie
des souvenirs d'autres évasions, sur les chemins de halage, il n'y a finalement
pas si longtemps, et d'autres encore, plus anciens. Ces jours d'équipées
sauvages lors des étés interminables de notre enfance, qui nous semblaient
héroïques et nous menaient tout droit à la boite de gâteaux, accompagnées de
bouteilles de limonade fraiches, remontées du puits.
Comment pouvait-elle savoir que notre bande
de pillards était sur le point d'arriver, on ne le saura jamais, tout comme le
héron, elle a gardé ce secret pour elle et nul n'aurait jamais songer à oser la
questionner.
Un plouf retentissant signe la fin de cette
songerie. Un canard...
Le chemin s'amenuise, devient plus sauvage.
Il est temps de quitter ces bords si paisibles, tout en se promettant d'y
revenir très vite. Quelques bancs repérés plus tôt seront certainement très
hospitaliers.
Trouver une autre voie. Village et chemin à
l'écart, au milieu des champs récoltés, qui ramènent à la réalité du jour
présent. La chaleur de ce jour d'été, le soleil qui va dorer la peau.
C'était un après-midi d'été, un voyage lointain,
sur les berges de l'Orénoque...