dimanche 3 novembre 2024

Couleur sépia

 

Brouillards.

C’est novembre sur le fleuve, puissant, sauvage, aux berges incertaines. Les barques amarrées çà et là, au repos jusqu’au printemps prochain. La pierre blanche taillée des anciennes maisons de mariniers et des grandes demeures, coiffées de leurs toits d’ardoise.

Dans les rues de la petite ville, les badauds pressent le pas, refroidis par l’humidité ambiante de cette fin d’après-midi grise. Les vitrines un peu embuées d’un café projettent leurs lumières dorées sur les trottoirs. On y devine la chaleur, les bruits et les rires des groupes attablés.

Les yeux clairs, un peu vides, penchée en avant, elle marche. Elle marche et observe, avec une attention soutenue par instants, qui attire parfois des regards étonnés. Elle arpente, avec sérieux et application. Il faut marcher, il faut sortir ! Marchons, sortons !

Elle regarde et commente, tourne et retourne aux coins de ces rues qu’elle connaît par cœur. Ce magasin ci va fermer, un autre va s’ouvrir, elle aime bien celui-là, mais l’autre est bizarre, on n’ira pas !

Elle salue des visages croisés au fil des jours, la plupart des inconnus, mais les rencontrer régulièrement a créé une manière de connivence. On se salue, on se reconnait comme autant d’acteurs d’une pièce rejouée chaque jour.

Elle s’assoit, fait une pause sur un banc de la petite place si agréable en été, mais jonchée de feuilles mortes des arbres qui se dénudent en cette fin de saison. Elle regarde l’heure. Non, ce n’est pas encore le moment. Repartir, marcher et marcher encore, regarder et observer, les mêmes vitrines ou d’autres, d’autres visages familiers et anonymes.

L’heure venue, le programme de la journée correctement accompli comme il convient, il sera temps de rentrer, de fermer la porte et de se ranger jusqu’au lendemain.

 

lundi 28 octobre 2024

Allez viens, on parlera,

Allez viens, on parlera de tout, on parlera de petits riens.

On parlera des petits matins frais, dans un brouillard épais, des chaussures lourdes encore, aux pieds mal réveillés. On parlera de l’herbe illuminée de gouttes de rosée aux premiers rayons du soleil bas de fin de saison.

On parlera de ces kilomètres avalés, de l’impatience des départs, de l’ivresse de liberté au sortir du bois, devant la plaine immense ; on parlera de la douce lassitude des derniers kilomètres.

On parlera de ces grands gamins qui couraient les chemins.

On parlera de livres, de ces raconteurs d’histoires qui nous emmènent plus loin. On parlera d’ici, de maintenant, de l’air du temps, de la vie qui va, comme elle peut, brinquebalant, gentiment.

 

On parlera de tout, on ne parlera de rien, on parlera de la vie, ce sera bien.

samedi 26 octobre 2024

Juste ça....


 

Juste ça… et le trait de lumière sur la danse des cygnes,

Juste ça….
 
Juste ce vent chaud qui envole les feuilles du sentier,
Juste,
 
Juste les éclats de voix des enfants, les discussions à voix posée
Des adultes passant,

 

Juste les appels rauques dans le ciel vierge encore
Qui se pare de mauve, de rose et de violet,

 

Juste les vols en V majestueux, qui ne muent en une nuée
Sauvage, innombrable, immuable,

 

Juste le miroir du lac, fragmenté de rides irisées au soleil couchant,
Juste ça,
 
Juste ….