Les rochers
effilés sifflent tranquillement au vent mutin. La lande est couverte de son
duvet mauve et jaune. Au coucher du soleil majestueux, dans le ciel pur, les
mouettes planent et valsent toujours. Les vagues caressent paisiblement le
granit rose et gris. Dans ce monde minéral, la vie se dissimule partout.
Le flot
de promeneurs se fait plus discret au fil des jours, pour finir par se tarir presque
tout à fait. La mer jolie reprend ses droits petit à petit, les vagues
mugissent, le vent enfle et prend de la vigueur. Les écharpes de brume semblent
prendre plaisir à s’attarder aux matins tardifs.
Les
courlis cendrés prennent leurs quartiers d’hiver et se fondent dans le décor. Les
eaux tourbillonnent maintenant au gré des grandes marées. Les hommes se réfugient
derrière les murs épais des maisons basses.
La
gentille balade guillerette cède la place à une polyphonie puissante et sauvage,
les nuées épaisses prennent la couleur du plomb. Bientôt, il fera bon assister
au spectacle de la nature en furie, bien au chaud derrière les fenêtres closes,
et songer peut-être à ceux-là qui ne rentraient pas toujours de leurs saisons
de grande pêche, au début de l’automne.
Les
rochers chantent plus fort, l’air fraîchit. C’est septembre à la Pointe de la
Demoiselle.